Il a déjà des fans, un site internet, une statue, un superbe palmarès. A 4 ans , Bold Eagle peut-il être le successeur de #FollowTreve et devenir le nouvel ambassadeur des courses ?
Bold Eagle est-il un phénomène médiatique ? Il faut d’abord définir ce phénomène médiatique. Le journaliste et moraliste auvergnat Chamfort avait déjà défini au 18e siècle cela en expliquant que c’était « l’avantage d’être connu de ceux que vous ne connaissez pas ». Nathalie Heinich a écrit un ouvrage sur le sujet « De la visibilité. Excellence et singularité en régime médiatique ». Quatre éléments définissent un phénomène médiatique :
- son image est largement diffusée
- son image est connue de personnes qu’il ne connaît pas
- son image vaut quelque chose : prestige, pouvoir, argent
- il est en haut d’une hiérarchie mouvante, c’est-à-dire dépendante d’un classement
Bold Eagle, trotteur de 4 ans remplit bien ces conditions :
son image a fait au moins le tour de l’Europe turfiste après son exploit de Wolvega
il est connu au-delà de son premier cercle par tous les amoureux des courses
il vaut cher comme le prouve le prix d’une part d’étalon qui a dépassé les 100.000 euros alors que le cheval n’a pas encore sailli une seule jument
Il est l’élite du trot en France et en sera le roi s’il s’impose dans le Prix d’Amérique 2016
Mais Pierre Pilarski, son heureux propriétaire, le déclare avec honnêteté. « Non, Bold Eagle n’est pas un un phénomène médiatique. En dehors du microcosme, personne ne le connaît encore. L’an dernier, c’est quand le Critérium des 3 ans a été quinté+ que des membres de ma famille ont découvert que j’avais vraiment un cheval de haut niveau. Pour Trêve, il y a eu des moyens conséquents pour arriver à ça. Je m’en rend bien compte, le seul moyen de rendre un cheval célèbre, c’est de gagner le Prix d’Amérique. Et encore, Up And Quick est un super champion mais personne ne le connaît. Il faudra attendre plusieurs années pour savoir si Bold peut devenir ce champion ».
Le problème de la mentalité française
L’entourage est aussi primordial pour le développement du phénomène médiatique comme cela a été le cas pour Trêve où l’écurie de Christiane Head était en portes ouvertes permanentes pour la presse et les fans. Pierre Pilarski approuve. « Le souci, c’est la peur d’agacer. On aime rarement les premiers de la classe en France. Sur les réseaux sociaux, je suis parfois étonné de la véhémence de certains commentaires. S’il était Suédois, peut-être que Bold Eagle figurerait sur le podium des sportifs préférés à côté de Zlatan« .
Un entraîneur à part qui joue le jeu des médias
Sébastien Guarato est un homme à part et déjà « un personnage » avec sa bonne humeur qui semble inaltérable, son verbe impayable et ses méthodes qui trouvent le succès sur la piste : il est l’un des chouchous du public. « Il est unique et il adore Bold Eagle, raconte Pierre Pilarski. Il prend même le temps de l’emmener brouter de l’herbe en longe alors que franchement, je pense qu’il a déjà beaucoup de travail. Je refuse qu’il me parle de Bold Eagle car à chaque fois, il me demande : « Dites moi patron, de combien de longueurs vous voulez qu’on le gagne le Prix d’Amérique »? »
Merchandising : Bold Eagle est-il déjà une marque ?
Des écharpes Bold Eagle sont déjà apparues dans les travées de Vincennes. Il y a aussi des porte-clefs et des casquettes et bien sûr, un site internet. Sur les réseaux sociaux, Bold Eagle a un compte sur Facebook et un club de fans sur Twitter. Mais attention, Pierre Pilarski tient à la gratuité. « Au départ, on avait pensé à faire un site de vente pour les produits dérivés, de les mettre à prix coutants plus 5 euros et de reverser les bénéfices à une association. Mais j’ai eu peur que l’on me reproche de me faire de l’argent sur lui. Du coup, je fais faire les articles et je les envoie à Phil, le président du fan club, qui répond aux demandes de ceux qui aiment Bold Eagle. On en a aussi distribués à Vincennes. Mais quand j’en ai vu à vendre sur Leboncoin.fr, ça m’a donné envie de dire des gros mots. Je ne veux pas faire d’argent sur Bold, je sais que j’ai la chance d’être tombé sur un champion et que ce sera la seule fois de ma vie ».
Facebook – 3205 fans (Maharajah – 3700 fans, Trêve 9900 fans)
Twitter – Fanclub 233 abonnés pour ce compte créé récemment, 522 abonnés pour le compte officiel
Site internet
Etalon déjà vraiment phénoménal
Même Bold Egale logosi Pierre Pilarski a bien constaté que le palmarès de Bold Eagle est meilleur que celui d’Ourasi au même âge, il sait qu’il faudra attendre des années avant de les comparer réellement. Mais il y a un domaine sur lequel Bold Eagle est incomparable. « Sur sa carrière d’étalon, alors qu’elle n’a pas encore vraiment commencée, il est vraiment phénoménal. Aucun cheval n’a vu le prix d’une part dépasser comme ça les 100.000 euros. C’est du jamais vu à cet âge. Pour le microcosme des courses, c’est déjà un phénomène ! ». Les premiers Bold Eagle naîtront en 2016 avec une arrivée sur les pistes en 2018. Là où Ready Cash, le père de Bold Eagle, a continué à construire sa légende, le fils arrive avec des gênes de champion et un palmarès à faire rêver les éleveurs.
Plus royaliste que le roi
Pierre Pilarski est un modeste. Du coup, ce sont ses amis qui se permettent de l’être moins pour lui. C’est ainsi que le sculpteur Kasper, qui avait réalisé par le passé le trophée du Prix d’Amérique d’Offshore Dream, a reçu une commande il y a quelques semaines une demande pour un cadeau… la statue de Bold Eagle. Côté chevaux, Kasper a déjà réalisé des oeuvres comme Zingaro, le cheval de Bartabas ou encore des modèles tailles réelles de pur-sang arabes d’un grand cheikh des émirats.
« Je suis allé le voir sur place, raconte Kasper, pour prendre des photos et le mesurer. Il n’y a pas de signes extérieurs de caractère fort. C’est une force tranquille. Aucune mauvaise surprise, aucune agressivité. Un bon cheval. Ce qui est assez curieux, c’est que l’arrière-main n’est pas si musclée que cela : pour moi c’est une traction avant ! »
Que faut-il à Bold Eagle pour dépasser les frontières des hippodromes ?
Après le succès de #FollowTreve, les courses se doivent de trouver leur nouvel étendard. L’opération médiatique qui a permis de suivre quasiment au quotidien la double lauréate de l’Arc de Triomphe en quête d’un troisième sacre a amené non seulement des médias extérieurs aux courses mais également un nouveau public jusqu’à Longchamp.
Reste à Bold Eagle de remporter le Prix d’Amérique et au Trot de savoir s’il souhaite, comme France Galop, s’engager dans un tel événement qui donnerait du sens au Marketing Commun des Courses, grand chantier des sociétés-mères et du PMU entamé il y a plusieurs mois.
Bold Eagle va courir le 13 décembre dans le Prix Octave Douesnel à Vincennes.
Créé le 30 novembre 2015 par Céline Maussang – Equidia Live – Photo : Scoopdyga
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